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Expert d’assuré : Histoire d’un métier au service des sinistrés

  • Photo du rédacteur: Collomé Frères
    Collomé Frères
  • 11 avr.
  • 5 min de lecture

Bien avant l’apparition du métier d’expert d’assuré tel que nous le connaissons aujourd’hui, des acteurs se sont mobilisés pour protéger les intérêts de ceux qui avaient tout perdu. Marchands ruinés par une tempête, propriétaires dévastés par un incendie, industriels paralysés par un accident : chaque catastrophe a toujours nécessité un regard technique, indépendant et juste.


Mais comment le métier d’expert d’assuré a-t-il émergé ? D’où vient cette figure essentielle du dialogue entre l’assuré et l’assureur ? Cette histoire mérite d’être racontée.


Photo portrait d'Amédé Collomé
Photo portrait d'Amédé Collomé
 

Aux origines : entre mer et justice


Dans l’Antiquité, les marchands utilisaient déjà un principe encore fondamental aujourd’hui : le partage des pertes. Quand une cargaison était sacrifiée pour sauver un navire, tous les propriétaires contribuaient à compenser les pertes. On parlait alors d’« avaries communes », un mécanisme encadré par la Lex Rhodia dans la Grèce antique.

 

Ces premières formes d’assurance rudimentaire impliquaient déjà une évaluation : il fallait déterminer la valeur des biens endommagés, mesurer l’ampleur du sinistre, répartir les coûts.

 

Avec le temps, ce besoin d’expertise s’est répandu sur terre avec l’apparition des assurances de dommages contre l’incendie. Très tôt, les assureurs ont compris l’intérêt de missionner des spécialistes pour constater les dommages matériels.


De son côté, l’assuré ne disposait pas d’expert dédié à sa cause.


 

Les premiers pas de l’expert d’assuré


Le Code de commerce 1807 instauré par Napoléon intègre pour la première fois en droit français des dispositions générales sur le contrat d’assurance, inspirées de la grande ordonnance de la marine du 31 juillet 1681. Il prévoit notamment les obligations des parties en cas de sinistre. Si le Code de commerce ne nomme pas explicitement les « experts d’assurances », il établit le principe de l’évaluation contradictoire des dommages en cas de désaccord sur le montant du sinistre, ouvrant la voie à la pratique des experts choisis par chaque partie.

 

Mais jusque dans les années 1880, la gestion des sinistres était presque exclusivement confiée aux experts désignés par les compagnies d’assurance, exerçant généralement cette profession en libéral. L’expertise contradictoire n’était pas pratiquée, et les assurés devaient accepter ce qu’on leur proposait, sans vraiment savoir s’ils étaient correctement indemnisés.

 

Face à cela, des hommes de terrain ont décidé d’agir. C’est le cas d’Amédé Collomé, ancien inspecteur général du Phénix, une grande compagnie d’assurance de l’époque. En 1888, il prend un virage audacieux : il quitte son poste pour fonder une société au service exclusif des assurés à Marseille.

 

Son objectif ? Offrir une expertise contradictoire amiable et un accompagnement complet. Il comprend très tôt qu’un sinistre ne se règle pas seulement avec des chiffres : l’assuré le vit, le subit et il doit être accompagné.

 

Ce modèle va faire école. Progressivement, d’autres acteurs rejoignent cette dynamique. Tous ont un point commun : ils connaissent la réalité des dégâts, les techniques, les coûts des réparations et les mécanismes des contrats d’assurance.


Par la suite, le cabinet « Amédé Collomé et ses Fils » s’établira à Paris en 1904 et deviendra « Collomé Frères », nom qu’il porte encore aujourd’hui.


Ancien logo du cabinet « Amédé Collomé et ses Fils »
Ancien logo du cabinet « Amédé Collomé et ses Fils »

 

L’évolution de la profession au cours du XXème siècle

 

Le XXᵉ siècle marque l’entrée du métier dans une nouvelle phase : celle de la reconnaissance juridique et de la structuration professionnelle.

 

Un texte fondateur change la donne : la loi du 13 juillet 1930 qui uniformise le droit des assurances en France. Elle rend obligatoire certaines clauses dans les polices, dont la clause d’expertise amiable : en cas de désaccord sur l’indemnité, chaque partie peut désigner un expert, et un troisième expert arbitre est nommé si nécessaire pour trancher.

 

C’est une reconnaissance légale claire du mécanisme de l’expertise contradictoire, donc implicitement de la possibilité pour l’assuré d’avoir son propre expert.

 

En 1976, la création du Code des assurances vient consolider l’ensemble des règles relatives aux contrats. Il formalise notamment les procédures de règlement amiable des litiges, et confirme la place de l’expertise contradictoire comme mécanisme de résolution des différends entre l’assuré et la compagnie d’assurance.

 

Dès lors, le rôle de l’expert d’assuré prend un nouveau relief. Il ne s’agit plus d’un appui informel ou d’une démarche isolée : c’est une option prévue par la loi, intégrée dans les contrats et reconnue par les juridictions.


Avec l’essor du marché de l’assurance, notamment après-guerre, le nombre de sinistres augmente. Les risques se diversifient, les garanties aussi. Face à cela, les assurés se tournent de plus en plus vers des professionnels capables de décrypter les clauses, d’argumenter une évaluation et de défendre un montant des dommages au plus juste.


Ainsi, les cabinets d’experts d’assurés deviennent des structures importantes, dont le développement suit la croissance du marché des assurances de dommages aux biens en France. Certains se spécialisent dans les risques simples, d’autres dans les risques industriels, parfois les deux.

 

Les principaux cabinets fondent UPEMEIC le premier syndicat professionnel du métier dès 1945.

 

En 1976, UPEMEIC crée la première convention collective nationale des sociétés d’expertise et d’évaluation.


Les compagnies d’assurances se développent également et se regroupent progressivement pour constituer des groupes majeurs.

 

De leur côté, à compter des années 1980 et à la demande de ces acteurs, les experts de compagnie se sont regroupés en réseaux, puis en sociétés importantes et deviennent signataires de la convention collective créée par UPEMEIC.

 

L’expert d’assuré devient un acteur à part entière de la négociation post-sinistre. Il n’est plus un outsider : il devient un interlocuteur reconnu et souvent redouté.



 

Les mutations face aux défis du XXIème siècle

 

Aujourd’hui, le métier d’expert d’assuré est à la fois plus complexe et plus indispensable. Les sinistres se multiplient, amplifiés par la fréquence des aléas climatiques ou encore les nouveaux risques tels que le cyber.

 

Face à cela, les contrats d’assurance multirisque deviennent de plus en plus techniques et les plateformes de gestion automatisée laissent souvent les assurés dans l’incertitude.

 

Comprendre ses garanties, faire valoir ses droits, obtenir une indemnisation conforme aux dommages subis nécessite un accompagnement technique rigoureux.


En 2018, le métier s’est davantage structuré lorsqu'UPEMEIC lance la première certification de services du métier, avec l’appui du Bureau Veritas Certification (RE/UPE/2018 V3).

 

A l’heure où le métier a vu apparaître un grand nombre d’intervenants individuels, très exposés au risque Homme-clé, cette certification vient garantir la qualité d’une prestation de sa commercialisation à son accomplissement par des sociétés responsables et structurées.

 


 

Collomé Frères : héritier et acteur de cette histoire

 

Depuis cinq générations, le cabinet a su démontrer la qualité de son accompagnement et de son savoir-faire technique sur tout le territoire national, y compris dans les DROM-COM, et à l’international.

 

Très tôt, l’activité s’est élargie au-delà de la gestion de sinistres. Collomé Frères intervient également dans des missions d’estimations préalables en valeur d’assurance, d’inventaires d’actifs, ou encore d’expertises en valeur vénale ou économique.

 

Aujourd’hui, Collomé Frères continue d’agir au cœur du dialogue entre les assureurs et les représentants de la profession. Le cabinet participe activement aux réflexions sur l’éthique et l’évolution des pratiques.

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