Evaluation des préjudices après une cyberattaque : démarches et enjeux
- marketing50947
- 15 août
- 4 min de lecture
À l’ère du numérique, les cyberattaques représentent une menace croissante pour les entreprises, les collectivités et les organisations publiques. Perte de données, interruption d’activité, rançongiciel (ransomware), vol d’informations sensibles… Les conséquences peuvent être économiques, juridiques, techniques et réputationnelles.
Dans ce contexte, l’évaluation des préjudices après une cyberattaque devient une étape clé, à la fois pour maîtriser les conséquences du sinistre, mais aussi pour déclencher les garanties d’assurance appropriées. Le recours à un expert d’assuré, indépendant de l’assureur, peut s’avérer décisif dans cette phase critique.
1. Comprendre les cyber-risques assurables
Qu’est-ce qu’un sinistre cyber ?
Un sinistre cyber est un événement malveillant ou accidentel affectant un système d’information. Il peut se manifester par :
Une attaque par ransomware bloquant les accès
Une exfiltration de données personnelles (clients, RH…)
Une fraude informatique (tentatives de détournement de virement fournisseur)
Une atteinte à la réputation par publication de données
Une indisponibilité prolongée des services numériques
Les impacts s'étendent bien au-delà de l’infrastructure technique. Ils peuvent paralyser l’activité commerciale, affecter la conformité RGPD, ou compromettre la relation client.
Les garanties proposées par les assurances cyber
Les contrats cyber incluent généralement :
La prise en charge des frais de gestion de crise (experts IT, juridiques, communication)
La reconstitution des données
La perte d’exploitation consécutive à l’arrêt des systèmes
La responsabilité civile numérique
L’assistance post-sinistre
Mais pour être indemnisé, il faut prouver et chiffrer le préjudice.
2. L’urgence de la déclaration de sinistre cyber
Délais et procédure de déclaration
Le sinistre cyber doit être déclaré dès sa découverte (souvent 2 à 5 jours ouvrés selon les contrats).
La déclaration doit inclure :
La chronologie des événements
Les éléments techniques disponibles
Le premier périmètre d’impact
Une estimation préliminaire des pertes
🛡️ Bon à savoir : un dépôt de plainte peut être requis pour certaines garanties, notamment en cas de rançongiciel.
3. Identifier et classifier les préjudices
L’évaluation du préjudice cyber est multidimensionnelle. Elle va bien au-delà des pertes matérielles.
Les catégories de dommages évalués
Pertes d’exploitation
Baisse de chiffre d’affaires liée à l’arrêt de l’activité
Coûts de reprise
Dépenses exceptionnelles (location de serveurs, main-d’œuvre externe…)
Pénalités contractuelles..
Frais de remédiation technique
Intervention d’experts en cybersécurité
Reconstitution des données, restauration des backups
Renforcement des défenses (firewall, antivirus, audits…)
Atteinte à la réputation
Perte de confiance des clients
Coûts de communication de crise
Campagnes de reconquête
Responsabilité civile
Dommages causés à des tiers (clients, partenaires…)
Sanctions réglementaires (CNIL, RGPD…)
Autre préjudices immatériels
Stress organisationnel
Dégradation du climat social
Impacts stratégiques
L’expert d’assuré, lorsqu’il est spécialisé en sinistres cyber, permet une qualification rigoureuse de chacun de ces postes.
4. Le rôle de l’expert d’assurance… et la contre-expertise
L’expert mandaté par l’assureur
L’assureur mandate un expert en sinistres cyber pour :
Vérifier l’origine de l’attaque
Évaluer les causes techniques
Contrôler la conformité des systèmes
Quantifier les pertes et valider les justificatifs
Mais cet expert agit dans l’intérêt de la compagnie, et peut minorer ou exclure certaines demandes.
Pourquoi faire appel à un expert d’assuré ?
L’expert d’assuré, indépendant de l’assureur, accompagne le sinistré pour :
Élaborer un mémoire technique et économique
Justifier les pertes d’exploitation avec méthode (comptabilité, marges, saisonnalité…)
Valoriser les dommages indirects souvent négligés
Répondre techniquement aux objections de l’assureur
Obtenir une négociation équilibrée de l’indemnité
🔎 Le recours à un expert d’assuré permet souvent d’augmenter de 20 à 40 % l’indemnisation initialement proposée.
5. La méthodologie d’évaluation post-cyberattaque
Étape 1 : diagnostic de l’impact
Analyse de la chronologie de l’attaque
Périmètre fonctionnel affecté
Durée de l’interruption ou dégradation de service
Évaluation de la perte de données ou d’exploitation
Étape 2 : collecte des justificatifs
Bilans financiers, factures, bons de commande annulés
Logs d’incident, rapports d’audit, expertises techniques
Échanges clients ou partenaires affectés
Rapport de dépôt de plainte ou CNIL
Étape 3 : chiffrage des postes de préjudice
Simulation de marge brute perdue
Frais additionnels (serveurs, hotline, juristes…)
Coûts d’image ou d’actions marketing post-crise
Honoraires d’experts techniques ou juridiques
L’expert d’assuré collabore avec plusieurs intervenants (DSI, DAF, avocat, communicant) pour structurer un dossier complet et chiffré.
6. Enjeux spécifiques dans l’évaluation des préjudices cyber
a) La preuve de la matérialité des pertes
Il ne suffit pas d’affirmer une perte : l’assuré doit la prouver. Cela exige un haut niveau de rigueur documentaire.
Exemple : pour justifier une perte d’exploitation, il faut produire des chiffres de comparaison (N-1, saisonnalité, prévisions signées…).
b) La difficulté de valoriser les préjudices immatériels
Les préjudices d’image, de réputation, ou de confiance client sont difficiles à chiffrer. Un expert d’assuré peut s’appuyer sur :
Les coûts réels de campagnes de réassurance client
Les pertes de parts de marché détectables
Les baisses de fréquentation web ou commandes
c) La gestion des exclusions contractuelles
Les contrats cyber contiennent souvent des clauses d’exclusion
:
Absence de sauvegardes régulières
Manquements aux obligations de sécurité
Rançons non autorisées par l’assureur
Un expert d’assuré peut intervenir en amont ou en aval pour défendre la position de l’entreprise et limiter les conséquences financières de ces exclusions.
7. L’indemnisation : de la proposition au règlement
Une fois le dossier constitué :
L’expert d’assurance formule une proposition d’indemnisation.
L’expert d’assuré vérifie les écarts avec le mémoire initial.
Une négociation contradictoire peut s’engager.
En cas de désaccord persistant, une expertise judiciaire ou un arbitrage peut être envisagé.
📌 À noter : certains contrats prévoient une indemnité forfaitaire si l’interruption de service dépasse un seuil défini.
8. Cyberattaque : prévention, audit et expertise préalable
Une évaluation des risques en amont est aussi une démarche prudente. De plus en plus d'entreprises font appel à un expert (souvent le même que l’expert d’assuré) pour :
Réaliser une cartographie des actifs numériques
Déterminer les points critiques (SI, CRM, serveurs, ERP…)
Évaluer les conséquences économiques d’un arrêt
Proposer un scénario de référence de sinistre cyber
Cette expertise préalable permet d’ajuster les capitaux assurés, de négocier de meilleures garanties, et de gagner en efficacité le jour où le sinistre survient.
Conclusion
L’évaluation des préjudices après une cyberattaque ne s’improvise pas. Elle nécessite une méthodologie rigoureuse, une bonne connaissance des garanties cyber, et une capacité à valoriser toutes les conséquences directes et indirectes du sinistre.
Dans ce contexte, l’expert d’assuré joue un rôle central : il sécurise le dossier, anticipe les objections, structure les chiffrages, et maximise l’indemnisation. Son accompagnement constitue un atout stratégique pour toute entité victime d’un acte de malveillance numérique.
Face à la montée des menaces cyber et à la complexité croissante des contrats d’assurance, faire appel à un professionnel indépendant devient non seulement pertinent, mais souvent indispensable.


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