Quel est le mode de rémunération de l'expert d'assuré ?
- Collomé Frères

- 11 juil.
- 4 min de lecture
En cas de sinistre important (incendie, dégât des eaux, vol, tempête…), les enjeux financiers pour l’assuré peuvent être considérables. Afin d’être indemnisé de manière juste et équitable, de plus en plus de sinistrés choisissent de se faire accompagner par un expert d’assuré. Mais une question revient souvent : comment est rémunéré ce professionnel ? Cet article vous propose un décryptage complet du mode de rémunération de l’expert d’assuré, ainsi que les éléments à connaître pour bien anticiper les frais liés à cette prestation.
1. Le rôle de l’expert d’assuré : un allié indépendant de l’assureur
Avant d’aborder la question de sa rémunération, il est essentiel de rappeler ce qu’est un expert d’assuré. À la différence de l’expert d’assurance, missionné par la compagnie pour défendre ses intérêts, l’expert d’assuré agit exclusivement pour le compte du sinistré, qu’il soit un particulier, un professionnel ou une collectivité.
Il intervient notamment pour :
Défendre les droits de l’assuré face à l’assureur,
Évaluer précisément les dommages,
Valoriser les pertes et dommages indirects (pertes d’exploitation, frais annexes, etc.),
Négocier les montants d’indemnisation,
Gérer l’ensemble du processus de réclamation.
Son expertise technique, juridique et contractuelle permet souvent d’obtenir une juste indemnisation souvent supérieure à celle initialement proposée par l’assureur.
2. Une rémunération proportionnelle au montant indemnisé
Le mode de rémunération le plus courant : le pourcentage
Chaque cabinet fixe ses propres honoraires de façon autonome.
Dans l’immense majorité des cas, l’expert d’assuré est rémunéré selon un pourcentage des dommages arrêtés contradictoirement. Cette commission varie selon :
La complexité du dossier,
Le montant estimé du préjudice,
Le type de sinistre (professionnel, particulier, industriel…),
Le niveau d’accompagnement souhaité (mission partielle ou complète).
🔎 Exemple concret :Si un sinistre donne lieu à des dommages de 250 000 €, et que l’expert d’assuré applique une commission de 5 %, sa rémunération s’élèvera à 12 500 € HT.
Ce système présente deux avantages majeurs pour l’assuré :
Son expert est directement intéressé à la juste valorisation du dossier,
Il n’a aucune avance à effectuer avant d'obtenir son indemnisation.
3. D’autres formes de tarification possibles
Bien que la rémunération au pourcentage soit la plus répandue, d’autres modèles existent selon les cabinets et les typologies de dossiers.
a) Le forfait fixe
Certains experts d’assuré proposent une rémunération forfaitaire, convenue à l’avance. Ce modèle est parfois appliqué pour les sinistres simples, de faible ampleur, ou pour des prestations ponctuelles (analyse de contrat, assistance à expertise, rédaction d’un mémoire technique…).
b) Le tarif horaire
Plus rare dans le domaine de l’assurance dommage, la tarification horaire peut être proposée lorsque l’intervention est très ciblée : audit technique, expertise préalable, accompagnement administratif, ou appui en phase judiciaire.
Ce tarif varie en fonction de l’expérience de l’expert et du niveau d’expertise requis.
4. Rémunération de l’expert d’assuré : qui paie quoi ?
a) L’assuré paie l’expert
Par défaut, les honoraires de l’expert d’assuré sont à la charge exclusive du sinistré.
Toutefois, il est important de vérifier les clauses de son contrat d’assurance multirisque ou professionnelle, car certains contrats prévoient une prise en charge partielle ou totale de ces frais. L'assuré a donc ainsi préfinancé cette dépense par une quote-part de sa prime d'assurance.
b) La garantie honoraires d’expert
Certains contrats d’assurance comportent une garantie spécifique nommée « honoraires d’expert d’assuré » ou « prise en charge de l’expertise contradictoire ». Cette garantie couvre tout ou partie des frais engagés par l’assuré pour faire appel à un expert indépendant.
📌 À vérifier dans les conditions particulières du contrat : Montant plafond annuel (ex. : 5 000 €), Conditions de déclenchement, Sinistres concernés, Nécessité de déclaration préalable.
5. Transparence et contractualisation des honoraires
La lettre de mission
Avant toute intervention, le cabinet d’expertise remet une lettre de mission à l’assuré. Ce document formalise :
Le périmètre de l’intervention,
Le mode de rémunération (pourcentage, forfait, horaire),
Les conditions de facturation,
Les engagements de l’expert,
Les modalités de résiliation éventuelle.
Ce document, signé par les deux parties, garantit transparence et traçabilité. Il protège l’assuré contre les mauvaises surprises.
6. Une rentabilité souvent avérée pour l’assuré
Faire appel à un expert d’assuré représente un investissement très souvent judicieux pour le sinistré.
Les statistiques du marché montrent que l’intervention d’un expert indépendant permet d’obtenir :
Un pilotage et une valorisation optimale de l'ensemble des préjudices subis,
Une accélération du règlement dans de nombreux cas,
Un dossier solide pour une meilleure défense en cas de litige.
Autrement dit, la rémunération de l’expert d’assuré est généralement absorbée par l’amélioration de l’indemnisation obtenue.
7. Un outil de négociation en cas de litige
Lorsqu’un désaccord survient entre l’assureur et l’assuré, l’expert d’assuré devient l’interlocuteur technique privilégié pour :
Contredire un rapport défavorable,
Produire un chiffrage alternatif argumenté,
Participer à une expertise amiable contradictoire,
Saisir, le cas échéant, le médiateur ou les juridictions compétentes.
Dans ce contexte, les honoraires de l’expert sont des frais stratégiques pour faire valoir ses droits. Ils peuvent, sous conditions, être remboursés en tout ou partie si l’assuré obtient gain de cause devant les tribunaux.
8. Cas spécifiques : entreprises, collectivités, patrimoine
Dans le cadre d’un sinistre touchant :
Un site industriel,
Un entrepôt logistique,
Une surface commerciale,
Un bâtiment classé ou protégé,
…les enjeux financiers sont majeurs. L’intervention d’un expert d’assuré spécialisé permet une stratégie d’indemnisation structurée, en coordination avec le service juridique, les experts techniques internes et les courtiers.
Dans ces cas, la rémunération est souvent contractualisée au pourcentage, avec des modalités spécifiques adaptées à la taille du sinistre.
Conclusion
La rémunération de l’expert d’assuré repose sur un principe simple : il ne gagne que si vous gagnez. Que ce soit au pourcentage ou au forfait, son mode de rémunération est conçu pour encourager la défense optimale des intérêts de l’assuré.
Véritable partenaire stratégique en cas de sinistre, l’expert d’assuré permet de transformer un moment difficile en opportunité de réparation juste et conforme aux droits contractuels. En ce sens, sa rémunération n’est pas une dépense, mais la garantie d'une juste indemnisation.


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